Moustapha Nour Ayeh, Ismaël Abdillahi Guirreh
https://doi.org/10.60569/11-a2
Numéro 11, juillet 2025
Résumé
Dans la République de Djibouti (Afrique de l’Est), le pastoralisme, majoritaire à la création du pays (à la fin du XIXème siècle), a largement reculé. Il concerne maintenant moins d’un quart du million d’habitants du pays. Ce mode de vie est remis en cause par des mutations qui ne sont pas seulement dues aux vagues de sécheresse qui affectent régulièrement la Corne de l’Afrique. Le présent article s’intéresse aux populations qui se considèrent encore nomades et à leur adaptation aux effets d’une aridité structurelle et en aggravation. Pour cela, une enquête a été menée auprès de 107 ménages nomades dans trois régions du sud du pays. Les résultats de l’enquête révèlent que, dans une large mesure, la résilience nomade est fortement amoindrie par la régression progressive des systèmes de production. Leur survie dépend donc complètement de leur insertion dans l’économie urbaine. Même si l’impact des villes sur les nomades est ancien, nous montrons que désormais ces populations sont entièrement sous la dépendance des acteurs de la ville, même si pour l’instant elles s’opposent à leur transition urbaine.
Mots clés : Djibouti, environnement, nomade, vulnérabilité
Adaptation Under Severe Environmental Constraints Among Djibouti’s Nomads
Abstract
In the Republic of Djibouti (East Africa), pastoralism, which was predominant at the time of the country’s creation (at the end of the 19th century), has significantly declined. It now concerns less than a quarter of the country’s one million inhabitants. This way of life is being challenged by changes that are not solely due to the recurrent droughts affecting the Horn of Africa. This article focuses on populations who still consider themselves nomadic and their adaptation to the effects of structural and worsening aridity. To that end, a survey was conducted among 107 nomadic households in three regions in the south of the country. The survey results reveal that, to a large extent, nomadic resilience is severely weakened by the gradual decline of their production systems. Their survival therefore depends entirely on their integration into the urban economy. Although the influence of cities on nomads is not new, we show that these populations are now completely dependent on urban actors, even though, for the time being, they resist their urban transition.
Key words: Djibout, environment, nomad, vulnerability