Les transformations socioéconomiques contemporaines en zones oasiennes, un « régime d’accumulation » singulier : le cas de la vallée du Todgha au Maroc

Pierre Alary

DOI: https://doi.org/10.60569/hsoas-b1

 

Essai

 

Résumé

Historiquement, dans la vallée du Todgha, au sud de la chaîne de l’Atlas,  la reproduction matérielle des habitants dépendait de la mise en valeur des vallées irrigables et des parcours désertiques sur lesquels les troupeaux broutaient. Ce modèle, dominant avant l’indépendance, change progressivement à partir des années 1960. Une partie de la population migre par vagues successives, la population de la vallée augmente, l’artisanat et les services se développent et l’agriculture locale ne permet plus de nourrir les habitants de la zone. Ainsi, l’essentiel des biens alimentaires consommés localement est produit ailleurs, tout comme les facteurs de production nécessaires aux activités locales. Dans ce contexte, d’où proviennent les ressources nécessaires à un espace qui « importe » les biens indispensables à son activité et qui « exporte » peu ? Les transferts des migrants semblent centraux à ce titre, ils diffusent des ressources monétaires qui s’accumulent pour partie (bâtiments). Ils alimentent certains secteurs d’activité et assurent le bouclage macro-économique de la zone. Les transferts participent à la construction d’un modèle de développement cohérent et relativement dynamique malgré le « déficit commercial » de la vallée.

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Contemporary socio-economic transformations in oasis areas, a singular ‘accumulation regime’: the case of the Todgha valley in Morocco

In the past, the material reproduction of the inhabitants of the Todgha valley, south of the Atlas mountain range, depended on the development of irrigable valleys and desert grazing lands. This model, which dominated before independence, gradually changed from the 1960s onwards. Part of the population migrated in successive waves, the population of the valley grew, crafts and services developed and local agriculture was no longer able to feed the area’s inhabitants. As a result, most of the food consumed locally is produced elsewhere, as are the factors of production required for local activities. In this context, where do the resources come from for an area that ‘imports’ the goods essential to its activity and ‘exports’ very little? Migrant remittances appear to be central in this respect, as they distribute monetary resources that accumulate in part (e.g. in buildings). They feed certain sectors of activity and ensure the macro-economic balance of the area. The transfers help to build a coherent and relatively dynamic development model, despite the valley’s « trade deficit ».