Edouard Kouadio Kouassi, Raphaël Kouadio Oura, Malanno Kouakou, Germain Ochou Ochou
DOI: https://doi.org/10.60569/9-a5
Résumé
Depuis quelques années, le Centre National de Recherche Agronomique (CNRA) de Côte d’Ivoire a conçu une nouvelle stratégie de gestion des insectes ravageurs du cotonnier, appelée « Traitement sur Seuil « . Il s’agit de réduire l’usage abusif des produits chimiques dans la production du coton et d’optimiser l’efficacité du traitement insecticide, en effectuant des interventions ciblées, à partir d’un diagnostic posé par le cotonculteur lui-même. Ce diagnostic repose sur l’observation des insectes sur un échantillon de plants de cotonnier. L’objectif visé est de faire adopter aux cotonculteurs un changement de comportement en mobilisant leur capacité d’analyse en vue d’une gestion raisonnée des insectes (ravageurs et auxiliaires). Ce changement espéré a pour finalité de garantir la rentabilité économique, de préserver la santé des applicateurs et de protéger l’environnement. Cet article analyse la réponse des agriculteurs au Traitement sur Seuil. Pour ce faire, l’étude s’est inscrite dans une démarche mixte (quantitative et qualitative) comprenant des entretiens individuels, des focus groups et des interviews par questionnaire, avec les producteurs de coton et les techniciens de sociétés cotonnières. Les résultats montrent un bon niveau d’application du Traitement sur Seuil (83%) par les cotonculteurs formés. Mais dans l’ensemble, l’application reste sélective et se fait par vague. En plus, dans certaines localités le taux d’adoption est très faible, eu égard aux difficultés rencontrées (manque de confiance au traitement sur seuil, déficit de maîtrise de l’ardoise, difficile maîtrise de la technique d’observation en diagonale, réinterprétation de la technique du seuil, manque de temps, insuffisance de l’encadrement, contraintes socioculturelles, etc.) dans la pratique du Traitement sur Seuil. Ce constat recommande de relativiser le résultat global et de remettre sur la table les défis qui doivent être relevés pour une meilleure conception et adoption des bonnes pratiques culturales afin de garantir une production durable du coton en Côte d’Ivoire. Le Système Intégré de Conseil Agricole en Cotonculture Ivoirienne (SICA-CI) que nous proposons pourrait être une alternative pour optimiser les actions jusque-là restées infructueuses.
Abstract
In recent years, the National Agricultural Research Center (CNRA) of Ivory Coast has developed a new management strategy for cotton insect pests, called « Threshold Treatment ». The aim is to reduce the excessive use of chemicals in cotton production and to optimize the effectiveness of insecticide treatment by carrying out targeted interventions based on a diagnosis made by the cotton grower. This diagnosis is based on the observation of insects on a sample of cotton plants. The objective is to get cotton farmers to adopt a change in behavior by mobilizing their analytical capacity for a reasoned management of insects (pests and beneficials). This hoped-for change is intended to guarantee economic profitability, preserve the health of applicators and protect the environment. This article analyzes the farmers’ response to the Threshold Treatment. To do so, the study used a mixed (quantitative and qualitative) approach including individual interviews, focus groups and interviews by questionnaire with cotton producers and technicians from cotton companies. The results show a good level of application of the Threshold Treatment (83%) by the trained cotton farmers. However, overall, application remains selective and is done in waves. In addition, the adoption rate is very low in certain localities, given the difficulties encountered (lack of confidence in the threshold treatment, lack of mastery of the slate, difficulty in mastering the diagonal observation technique, reinterpretation of the threshold technique, lack of time, inadequate supervision, socio-cultural constraints, etc.) in the practice of the Threshold Treatment. This observation recommends putting the overall result into perspective and bringing back to the table the challenges that must be met for a better design and adoption of good cultural practices in order to guarantee sustainable cotton production in Ivory Coast. The Integrated System of Agricultural Advice in Ivorian Cotton Growing (SICA-CI) that we propose could be an alternative to optimize the actions that have been unsuccessful so far.