Patrick Dugué, Younes Bekkar, Mostafa Errahj
DOI: https://doi.org/10.60569/1-a5
Résumé
Dans le cadre de sa politique agricole actuelle structurée autour du Plan Maroc vert, L’Etat a engagé une réforme en profondeur du conseil agricole, service qui était essentiellement assuré par les Centres des Travaux et les Centres de Mise en Valeur. La Nouvelle Stratégie du Conseil Agricole prône d’associer aux services publics de conseil agricole des structures privées qui seront agréées par les pouvoirs publics. Sur la base de travaux de recherche et d’expertise, cet article aborde la diversification de l’offre de conseil (conseil technique mais aussi conseil de gestion pour les exploitations et les organisations professionnelles agricoles, conseil administratif et juridique, …) et des publics cibles (chefs d’exploitations, les autres actifs familiaux, les responsables et salariés des organisations professionnelles agricoles, …). Il suggère de prendre en considération d’autres opérateurs actuels ou potentiels du conseil comme les agrofournisseurs, les organisations professionnelles agricoles bien structurées et les agro-industries. Au-delà de ces propositions, l’article aborde les principes d’une démarche générique de conception de dispositifs de conseil utile à tous les acteurs au niveau local, régional ou national.
ما هي آليات الاستشارة الفلاحية بالنسبة للفلاحة الأسرية بالمغرب ؟ أفكار للنظر في تصميم آليات الاستشارة الفلاحية.
ملخص
في إطار سياستها الحالية المتعلقة بالفلاحة ، المتمحورة حول « مخطط المغرب الأخضر » ، شرعت الحكومة المغربية في إصلاح معمق لخدمة الإستشارة الفلاحية والتي كانت في السابق تقدم من قبل مراكز الأشغال و مراكز الاستثمار الفلاحي . و ترمي الإستراتيجية الجديدة للإستشارة الفلاحية إلى الجمع بين الخدمات المقدمة من طرف مؤسسات الدولة و المؤسسات الخاصة المعتمدة .
استنادا إلى بعض البحوث و الدراسات يناقش هذا المقال التنوع الذي تعرفه الاستشارة الفلاحية ( الاستشارة التقنية، الاستشارة في مجال تدبير المزارع و التنظيمات المهنية الفلاحية ، بالإضافة إلى الاستشارة الإدارية و القانونية…) وكذا الفئات المستهدفة بهذه الخدمة ( أصحاب المزارع ، اليد العاملة الأسرية ، مسؤولو و موظفو المنظمات المهنية الفلاحية… ) . كما يقترح أن يؤخذ بعين الإعتبار جهات أخرى معنية أو قد تعنى بالاستشارة الفلاحية مثل موردي المواد الأولية ، المنظمات المهنية المهيكلة و مصنعي المنتوجات الفلاحية.
بالإضافة لهذه الاقتراحات ، يناقش المقال مبادئ النهج العام لتصميم آليات خدمة الاستشارة الفلاحية والتي تهم جميع الفاعلين على المستوى المحلي أو الإقليمي أو الوطني .
كلمات مفتاحية : استشارة فلاحية ، تصميم الآليات ، مرشد ، خوصصة ، منظمة مهنية ، المغرب .
COMMENTAIRES
Compte-rendu de la discussion suite à la présentation de l’article lors du séminaire de lancement de la revue le 8 avril 2014 à l’Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès
Commentaire. Il serait intéressant de s’appuyer sur les revendeurs d’intrants pour mettre en œuvre le conseil ou du moins les intégrer dans le dispositif de conseil. Toutefois il faut rester prudent car les objectifs d’un agro-fournisseur sont de satisfaire son client (bonnes recommandations, produits efficaces) mais aussi de vendre plus d’intrants.
Commentaire. Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’il n’y a pas de méthode qu’on puisse appliquer. Il y a de nombreux acquis méthodologiques et il vaut mieux dire que les approches sont plurielles. Je rejoins les idées présentées ici sur le point que le conseil n’est pas que technique (« la vulgarisation ») ? il doit aussi faciliter aussi les changements organisationnels, l’action collective … Par ailleurs, c’est vrai que l’administration fonctionne sur une approche diffusionniste depuis les années 60. Il faut aussi donner plus d’importance aux organisations professionnelles agricoles pour générer la demande et orienter l’offre de l’Etat.
Commentaire. Il faudra poursuivre cette réflexion sur les compétences que doivent avoir ces conseillers et au-delà sur les cursus de formation initiale et continue à différents niveaux (technicien, ingénierie)
Commentaire. Il y a un grand nombre d’intervenants dans le secteur du conseil agricole (DPA, DRA, ONCA, etc). En Amérique du Nord, l’université est très impliquée dans le conseil. En France, ce sont les chambres d’agricultures qui jouent un rôle. Quelle est la spécificité de l’ONCA au Maroc ?
Commentaire. Il y a beaucoup de jeunes instruits dans les zones rurales, sur lesquels on pourrait s’appuyer pour le conseil agricole.
Commentaire. Il y a un enjeu important de formation des conseillers agricoles, à la fois initiale et continue. On peut être sceptique sur le fait de donner un rôle aux revendeurs d’intrants, car ils ont un intérêt à vendre plus. Ils ont un rôle à jouer, mais dans une certaine mesure seulement.
Commentaire. On peut réfléchir en termes de plateforme d’innovation, avec l’ensemble des acteurs impliqués, pour identifier les problèmes et voir comment les traiter. Ces plateformes peuvent-elles s’inscrire dans un dispositif de conseil ou plutôt dans celui de la co-conception des innovations. On parle de plus en plus de plateforme (multiacteurs) d’innovation, à l’INRA par exemple, cela mériterait que l’on y consacre un article dans Alternatives Rurales.
Commentaire. Il y a une trop grande séparation entre les thématiques de recherche et de formation, et les demandes pratiques des agriculteurs. Souvent, les conseils donnés ne servent à rien. Il y a un problème de formation continue des vulgarisateurs, qui ne portent pas sur des solutions pratiques. Il faut partir du terrain pour construire la recherche et ensuite des recommandations pour le conseil.
Commentaire. La non adoption n’est pas seulement un problème de bon-vouloir de l’agriculteur. Souvent, même si l’agriculteur a compris la proposition du conseiller et est intéressé, il a des difficultés pour l’appliquer. C’est le cas par exemple des semences : l’agriculteur veut bien acquérir des semences sélectionnées, mais il ne les trouve pas, ou c’est trop cher pour lui. Il faut intégrer le conseil à une réflexion plus large, qui inclue les contraintes auxquelles font face les agriculteurs et le faible accès aux autres services agricoles. Il serait intéressant de revenir à des projets intégrés comme les projets DriPMH qui reposaient sur une approche globale (plurisectorielle) des contraintes et des solutions.
Commentaire global de l’auteur principal. Je partage la plupart des commentaires qui constituent des pistes pour approfondir cette réflexion sur le conseil agricole à une période clé dans ce domaine (mise en place de l’ONCA, des CCA, du conseil privé et agrée par l’Etat,…). Bien sur il y a de nombreux acquis méthodologiques relatifs au conseil agricole (sensu largo) au Maroc et ailleurs mais à mon sens il n’y a pas de méthode « clé en main ». Pour l’amélioration des systèmes techniques de production, le transfert de technologies a montré des limites. Il en est de même lorsque l’on veut transférer d’ailleurs des méthodes de conseil. Le conseil se construit localement sur la base d’acquis méthodologique mais aussi des besoins en conseil exprimés par les agriculteurs et sur les ressources humaines disponibles : on ne peut pas élaborer la méthodologie de conseil uniquement à la capitale dans un bureau, cela doit se faire à partir du terrain.