Le prix de revient du lait au Maroc et ses implications pour l’avenir de l’élevage bovin.

Mohammed Taher Sraïri

DOI: https://doi.org/10.60569/1-a6

Résumé

Au Maroc, le prix de revient du lait est un enjeu important de l’élevage bovin, car la volatilité accrue des prix des intrants commence à malmener sérieusement sa rentabilité. Aussi, la présente étude vise à caractériser le prix de revient du lait bovin. L’analyse a été effectuée dans 86 élevages de sept régions et représentatifs de la diversité des situations d’exploitations de taille réduite. Les principaux coûts sont les charges alimentaires – fourrages et concentrés – (51,9 %), suivies des charges de main-d’œuvre – familiale et salariée – (22,8 %) et des amortissements des investissements (16,5 %). L’étude montre aussi un prix moyen de revient du lait supérieur au prix « départ ferme » dans quasiment toutes les régions, impliquant un déficit économique de l’activité d’élevage (les ventes de bovins étant inclues dans la méthode de calcul utilisée). Quand les charges relatives à l’amortissement des investissements et la rémunération de la main-d’œuvre familiale ne sont pas prises en compte, le prix de revient du lait devient inférieur au prix « départ ferme » dans quatre des sept régions. Cela implique toutefois une vulnérabilité sociale (pas de rémunération des efforts de la main-d’œuvre familiale) et même financière, du moment que le renouvellement de l’outil de production n’est plus garanti. Au final, l’étude suggère que des tensions ultérieures sont à redouter dans la chaîne d’approvisionnement laitier, si les éleveurs n’arrivent pas à améliorer la rentabilité de leurs activités, grâce à une maîtrise accrue de la productivité ou à travers la révision à la hausse du prix du lait « départ ferme ».

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تكلفة ٳنتاج ١لحليب في المغرب وتد١عياتھا على مستقبل تربية الأبقار

السر١يري محمد ١لطاھر

ملخص

في المغرب، تشكل تكلفة ٳنتاج الحليب رھانا هاما بالنسبة لتربية الأبقار لأن زيادة التقلبات في أسعار المدخلات بدأت تعيق بشكل جدي الربح.

 لذلك، تهدف هذه الدراسة إلى تحديد تكلفة ٳنتاج حليب الأبقار. أجري التحليل على 86 مزرعة في سبع مناطق ممثلة  لتنوع حالات المزارع الصغيرة. التكاليف الرئيسية هي نفقات الغذاء – الأعلاف والمركزات – (51.9٪)، تليها نفقات اليد العاملة  – الأسرة  و العمال (22.8٪)، واستهلاكات الاستثمارا  ( 16,5    %) .             5

 تظهر الدراسة أيضا ثمن متوسط لٳنتاج الحليب أكبر من ثمن  ​​ »خروجه من المزرعة  » في جميع الجهات تقريبا، مما يعني وجود عجزاقتصادي لنشاط تربية الأبقار (بيع الأبقار يتم تضمينها في طريقة الحساب المستخدمة) . عندما لا تؤخذ  تكاليف استهلاك الاستثمار وأجوراليد العاملة العائلية بعين الاعتبار، فإن سعرعائد  الحليب يصبح أقل من سعر « خروجه من المزرعة » في أربعة من الجهات السبعة، وهذا يبين على ضعف اجتماعي (ليس هناك تعويضات لمجهودات اليد العاملة العائلية) وحتى مالي، طالما أن تجديد وسائل الإنتاج لم يعد مضمونا. أخيرا، تقترح الدراسة أن التوترات القادمة ستكون مخيفة في سلسلة توريد الحليب، إذا لم يتمكن مربي الأبقار من تحسين ربح أنشطتهم بفضل زيادة السيطرة على الانتاجية أو من خلال مراجعة ارتفاع سعر الحليب » خروجه من المزرعة

COMMENTAIRES

Compte-rendu de la discussion suite à la présentation de l’article lors du séminaire de lancement de la revue le 8 avril 2014 à l’Ecole Nationale d’Agriculture de Meknès

Question : serait-il possible, pour améliorer l’efficience technique, que les vaches de différents agriculteurs soient intégrées dans une même étable ? Réponse de l’auteur : en pratique, les agriculteurs sont très réticents à cette idée. Cependant, une ouverture peut être le conseil agricole.

Commentaire. Il faudra mieux expliciter la représentativité des exploitations étudiées dans chaque région, en termes de surface, de type de race de vache, etc.

Commentaire. Ce qui est complexe dans ce type d’analyse, c’est que le troupeau est dynamique : naissances, mortalité, ventes, etc. Il est important de prendre en compte, dans l’analyse, la variation de la valeur du troupeau, mais aussi l’auto consommation de lait.

Commentaire. Les vaches produisent actuellement très en dessous de leur potentiel génétique : si on arrive à produire ce potentiel, on résoudra en grande partie ce problème de rentabilité.

Commentaire. Il sera intéressant de prendre en compte dans une prochaine étude les grands élevages. On a vu beaucoup de ces grandes étables avoir des difficultés dans la région de Meknès. Ces dernières ont, elles aussi, des difficultés.

Commentaire. Il serait intéressant de mettre aussi en avant des conséquences en termes de l’amélioration de la conduite technique des élevages. En effet, la conclusion d’une telle étude ne peut pas être seulement une question de prix : on peut se poser la question de savoir si c’est au consommateur de payer l’inefficience technique des élevages. On peut réfléchir par exemple à comment les organisations professionnelles peuvent jouer un rôle dans un tel accompagnement technique.

Réponse globale de l’auteur. De nombreuses exploitations sont effectivement déficitaires et que c’est d’abord lié à la question de la conduite alimentaire (rations insuffisantes et déséquilibrées). Mais il y en a quelques-unes qui dégagent un prix de revient inférieur au prix du lait « départ ferme » et cela est dû à une conduite alimentaire plus maîtrisée ou à un meilleur rendement laitier par vache.
Par ailleurs, j’insiste sur le fait que l’étude a été faite au printemps, c’est-à-dire la période la plus favorable. Il serait intéressant de revenir pendant l’été, dans les mêmes élevages, où on pourra voir des prix de revient plus élevés.

Pour conclure, la question du prix de revient du lait renvoie à des suivis d’élevages de longue durée (pour inclure les effets des variations saisonnières et inter annuelles) et aussi à des échantillons plus vastes (en y incluant des élevages de nature diverse), ce qui pourrait constituer les objets de futures recherches sur la question.